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Open Access
Numéro
Cah. Myol.
Numéro 25, juillet 2022
Page(s) 23 - 29
Section Mise au point / Focus
DOI https://doi.org/10.1051/myolog/202225006
Publié en ligne 11 août 2022

© M. Boivin et al., publié par EDP Sciences, 2022

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Caractéristiques cliniques et ThistopatThologiques de l’OPDM

La myopathie oculo-pharyngo-distale (OPDM, OMIM 164310) est une maladie génétique autosomique dominante rare touchant les muscles squelettiques et se manifestant à l’âge adulte. Depuis la première description de cette maladie en 1977, environ 300 patients atteints d’OPDM ont été recensés dans le monde, surtout en Asie (Chine, Japon, Corée du Sud), mais aussi en Europe et aux États-Unis [1, 2]. D’un point de vue clinique, l’OPDM est caractérisée par un ptosis progressif, une ophtalmoplégie, une dysphagie, une dysarthrie, ainsi qu’une faiblesse des muscles faciaux, pharyngés et des membres distaux. Cette atteinte musculaire est associée à une augmentation modérée du taux de créatine kinase sérique, une insuffisance respiratoire précoce d’intensité variable et un risque accru de problèmes cardiovasculaires sur le long terme. L’âge moyen d’apparition de la maladie est estimé à 28 ans, plus ou moins 11 ans, le phénotype complet de l’OPDM s’étalant généralement sur une dizaine d’années [3]. D’un point de vue histopathologique, on constate une fibrose endomysiale, une variation de la taille des fibres musculaires, des vacuoles cytoplasmiques et un remplacement, plus ou moins marqué, par du tissu fibro-adipeux (Figures 1A, 1B). Les fibres musculaires présentent aussi des spécificités propres à l’OPDM telles que la présence d’inclusions intranucléaires éosinophiliques de 1 à 2 μm de diamètre, positives pour les protéines p62 et ubiquitine (Figure 1C), donnant un aspect tubulo-filamentaire en microscopie électronique [4, 5].

thumbnail Figure 1

Caractéristiques histopathologiques de biopsies de patients atteints d’OPDM. (A, B) Présence de vacuoles cytoplasmiques révélées par une coloration (A) au trichrome de Gomori ou (B) à l’hématoxyline-éosine et (C) d’inclusions intranucléaires positives pour la protéine p62.

Plusieurs anomalies génétiques responsables de l’OPDM

Les progrès du séquençage du génome humain, et tout particulièrement la technique, très originale, dite de « long read », permettant de lire de très longues séquences d’ADN, ont abouti à l’identification de plusieurs causes génétiques à l’origine de l’OPDM (Figure 2). En 2019, une expansion anormale de répétitions de triplets de nucléotides CGG a été identifiée dans la région 5’UTR du gène LRP12 chez 22 patients japonais [6]. Cette expansion dans le gène LRP12 n’a été retrouvée que chez approximativement 40% des cas d’OPDM seulement, suggérant l’existence d’une hétérogénéité génétique dans cette maladie. De fait, en 2020, Deng et ses collaborateurs ont montré qu’une expansion anormale de répétitions CGG dans le 5’UTR du gène GIPC1 était associée à l’OPDM chez 12 patients chinois [2]. Cette découverte a ensuite été confirmée par une seconde étude réalisée sur une cohorte encore plus grande de patients OPDM [7]. En 2021, c’est une expansion de répétitions CGG dans la région 5’UTR du gène NOTCH2NLC qui a été identifiée [8]. Enfin, en 2022, une expansion CGG dans la région 5’UTR du gène RILPL1 a été associée à l’OPDM [9].

thumbnail Figure 2

Les expansions de répétitions CGG impliquées dans des pathologies. Des expansions de répétitions CGG identifiées dans les régions 5’UTR des gènes FMR1, LRP12, GIPC1, NOTCH2NLC et RILPL1 sont responsables du syndrome de l’X fragile (FXS) ou du syndrome de tremblement et d’ataxie lié à l’X fragile (FXTAS), de la maladie à inclusions intranucléaires neuronales (NIID) et de la myopathie oculo-pharyngo-distale (OPDM).

Quel que soit le gène hôte, un nombre de répétitions CGG inférieur à 30 a été détecté chez les sujets sains, tandis que les patients atteints d’OPDM présentaient une expansion de répétitions comprise entre 60 et 300 [7]. L’OPDM est ainsi divisée en 4 sous-types : l’OPDM1 (OMIM 164310) lié à LRP12, l’OPDM2 (OMIM 618940) lié à GIPC1, l’OPDM3 (OMIM 619473) lié à NOTCH2NLC et, l’OPDM4 (OMIM 619790) à RILPL1 (Figure 2). Ces quatre sous-types sont cliniquement et histologiquement superposables et partagent le même mécanisme mutationnel. Ces données suggèrent que les expansions de répétitions CGG jouent un rôle essentiel dans la pathogenèse de l’OPDM, et ceci indépendamment des gènes dans lesquels ces répétitions se trouvent. Il reste toutefois à éclaircir comment ces expansions de répétitions CGG conduisent au développement de cette pathologie.

Expansion de répétitions nucléotidiques et maladies neuromusculaires

À ce jour, il existe une cinquantaine de maladies neurodéveloppementales, neurodégénératives et/ ou neuromusculaires causées par des expansions de répétitions nucléotidiques. Parmi les maladies neuromusculaires, nous citerons les dystrophies myotoniques de type 1 et 2 (DM1, OMIM 160900 / DM2, OMIM 602668) et la dystrophie musculaire oculopharyngée (OPMD, OMIM 164300). Compte tenu de leur mécanisme génétique proche et d’une symptomatologie en partie superposable entre ces pathologies et l’OPDM, on peut se demander si ces maladies ne partagent pas les mêmes mécanismes moléculaires de toxicité.

  • Les dystrophies myotoniques de type 1 et 2 (DM1/DM2) sont caractérisées par une faiblesse et une atrophie musculaires, une myotonie, une atteinte cardiaque, une cataracte, des troubles cognitifs ainsi qu’une résistance à l’insuline. La DM1 est causée par une expansion de quelques centaines à plusieurs milliers de répétitions de tri-nucléotides CTG située dans la région 3’UTR du gène DMPK [11], tandis que la DM2 est due à une expansion de 75 à 11 0000 répétitions quadri-nucléotidiques CCTG dans le premier intron du gène CNBP [11]. Ces répétitions CTG/CCTG sont transcrites en ARN contenant alors un nombre anormalement élevé de répétitions CUG/CCUG lesquelles forment des foci d’ARN dans le noyau des cellules. D’un point de vue moléculaire, il a été montré que les protéines « Muscle blind-like 1/2 » (MBNL1 et MBNL2) se lient spécifiquement aux répétitions CUG et qu’elles colocalisent avec les foci d’ARN CUG/CCUG [1214]. La séquestration des protéines MBNL1/2 dans les foci d’ARN entraîne une perte de fonction de ces facteurs d’épissage, conduisant à des altérations de l’épissage de nombreux autres ARN expliquant ainsi les multiples symptômes des patients atteints de DM. Un telmécanisme reste peu probable dans l’OPDM puisque les expansions de répétitions CGG dans les gènes LRP12, GIPC1, NOTCH2NLC et RILPL1 sont nettement plus courtes (de 60 à 200-300 répétitions) que chez les patients atteints de DM et qu’aucun agrégat d’ARN nucléaire n’a été observé dans les cellules des patients atteints d’OPDM.

  • La dystrophie musculaire oculo-pharyngée (OPMD) est une pathologie musculaire qui se rapproche le plus, d’un point de vue clinique et histologique, de l’OPDM, avec un ptosis, une atteinte musculaire proximale, une dysphagie et des difficultés respiratoires. Les caractéristiques histopathologiques sont similaires comme la présence de vacuoles bordées dans des fibres musculaires par ailleurs atrophiées, et la présence d’inclusions intranucléaires [15]. En revanche, le début de cette affection est très tardif, généralement au-delà de l’âge de 50 ans. L’OPMD est elle aussi causée par une expansion de répétitions de tri-nucléotides GCG, mais cette expansion est bien plus courte que dans le cas de l’OPDM avec une extension de 1 à 8 répétitions GCG situées dans la phase codante du gène PAPBN1 codant la protéine PABP2. Cette expansion de répétitions conduit à une protéine PABP2 avec un nombre étendu d’acides aminés alanines dans sa partie N-terminale (jusqu’à 18 alanines alors que dans la population générale on dénombre 10 alanines) [16]. Cette extension de résidus polyalanines conduit à une perte de fonction et/ou un gain de fonction dominant négatif sur l’activité de la protéine PABP2 [17, 18]. Toutefois, les expansions de répétitions CGG dans les gènes LRP12, GIPC1, NOTCH2NLC et RILPL1 étant plus longues (de 60 à 200-300 répétitions) et localisées dans les régions 5’UTR non traduites de ces gènes, un mécanisme de toxicité commun entre l’OPDM et l’OPMD semble également peu probable.

    Les mécanismes moléculaires impliqués dans la toxicité de ces expansions de répétitions CGG dans l’OPDM sont donc, à ce jour, largement inconnus. La nature de la mutation n’est toutefois pas sans rappeler celle observée dans d’autres maladies, tel que le syndrome de tremblement et d’ataxie lié à l’X fragile (FXTAS) et la maladie à inclusions intranucléaires neuronales (NIID), dont les mécanismes toxiques sous-jacents ont été élucidés il y a peu. En effet, avant l’identification des expansions de répétitions CGG dans les OPDM de type 1 à 4, des mutations similaires en composition (CGG), en taille (60 à 200-300 répétitions) et en localisation (5’UTR) ont été impliquées dans d’autres pathologies. En effet, des expansions de 50 à 200-300 répétitions des tri-nucléotides CGG dans les régions 5’UTR des gènes FMR1 et NOTCH2NLC sont responsables respectivement du syndrome de tremblement et d’ataxie lié à l’X fragile (FXTAS, OMIM 300623) et de la maladie à inclusions intranucléaires neuronales (Figure 2; NIID, OMIM 603472).

  • Le syndrome de tremblement et d’ataxie lié à l’X fragile [1, 2] (FXTAS) est une maladie neurodégénérative caractérisée par une démarche ataxique et/ou un tremblement intentionnel; les patients peuvent également présenter des altérations neuropsychiatriques et cognitives ainsi que des symptômes parkinsoniens [19]. Cette maladie touche principalement les hommes et apparaît généralement entre 60 et 65 ans. D’un point de vue histopathologique, l’analyse des cerveaux de patients FXTAS montre une diminution du nombre de cellules de Purkinje, une gliose des cellules de Bergmann ainsi qu’une spongiose de la substance blanche des pédoncules moyens du cervelet [20, 21]. De plus, des inclusions intranucléaires éosinophiliques et positives à l’ubiquitine et p62, sont retrouvées dans les neurones et les astrocytes, mais aussi dans de nombreux autres tissus à l’exception des muscles squelettiques, où le gène FMR1 n’est pas exprimé [21, 22]. Le FXTAS est causé par une expansion de 55 à 200 répétitions de tri-nucléotides CGG dans la région 5’UTR du gène FMR1 (Figure 2) [23]. Cette mutation n’est pas sans rappeler la cause du syndrome de l’X fragile (FXS, OMIM 300624), où des expansions de plus de 200 répétitions CGG conduisent à une hyperméthylation du promoteur du gène FMR1, entraînant une perte d’expression de ce gène et donc une perte d’expression de la protéine FMRP codée par ce gène [24, 25]. Le déficit en protéine FMRP est responsable d’un retard mental et de troubles autistiques, qui sont caractéristiques du syndrome de l’X fragile. Néanmoins, contrairement à FXS, où ces expansions excèdent 200 répétitions de nucléotides CGG, FXTAS présente un nombre de répétitions plus faible, qu’on appelle alors prémutation. Cette prémutation ne conduit pas à une hyperméthylation du promoteur du gène FMR1, et les patients FXTAS présentent donc une expression normale de ce gène et de la protéine FMRP [26]. Ces données moléculaires permettent ainsi d’écarter l’hypothèse d’une perte d’expression du gène FMR1 dans FXTAS. Par la suite, il a été démontré que, malgré la localisation des expansions de répétitions CGG dans une région prédite originellement comme non-codante (5’UTR), ces expansions sont tout de même traduites en une protéine composée de polyglycines et appelée FMRpolyG [27, 28]. En effet, cette expansion de répétitions CGG est située dans un petit cadre de lecture ouvert (ORF pour « Open Reading Frame »), situé en amont de l’ORF principale codant FMRP, et où chaque triplet de CGG code pour un acide aminé glycine. Il est intéressant de noter que l’initiation de la traduction de cette petite ORF n’a pas lieu à un codon classique ATG, mais à un codon ACG [28]. En effet, l’initiation à des codons proches du codon ATG, tels que des codons CTG, GTG TTG ou ACG, permet une initiation faible de la traduction par mésappariement avec le codon initiateur de l’ARNt et sont alors décodés en méthionine [29]. Cette nouvelle protéine, FMRpolyG, forme des inclusions intranucléaires typiques dans les modèles cellulaires et animaux de la FXTAS, et son expression est suffisante pour induire un phénotype ataxique chez les souris [27, 28]. Enfin, le développement d’anticorps dirigés contre la protéine FMRpolyG et l’analyse de tissus de patients FXTAS a permis de confirmer la présence de cette protéine dans les inclusions intranucléaires typiques de cette maladie (Figure 3A).

    thumbnail Figure 3

    Inclusions intranucléaires dans FXTAS et NIID. Immunofluorescence sur des lames de cervelet (A) d’un patient FXTAS montrant des inclusions intranucléaires de protéine FMRpolyG qui colocalisent avec l’ubiquitine et (B) d’un patient NIID où des inclusions intranucléaires de protéine uN2CpolyG colocalisent avec p62.

  • La maladie à inclusions intranucléaires neuronales (NIID) est une maladie neurodégénérative et neuromusculaire qui présente des manifestations cliniques nombreuses et variées : démence, neuropathie périphérique, dystonie neurovégétative, ataxie cérébelleuse, parkinsonisme, tremblement essentiel, convulsions, accident vasculaire cérébral, troubles de la conscience, encéphalopathie, faiblesse des muscles squelettiques, etc. [30]. De même, l’âge d’apparition des premiers symptômes varie grandement et des formes infantiles, juvéniles et adultes ont été décrites. Comme son nom l’indique, cette maladie est caractérisée par la présence d’inclusions intranucléaires éosinophiliques positives à l’ubiquitine et à p62. De façon intéressante, ces inclusions sont strictement identiques à celles décrites dans FXTAS et l’OPDM [31]. Dans la NIID, ces agrégats sont présents dans les neurones et astrocytes des systèmes nerveux central, périphérique et autonome ainsi que dans les cellules de divers autres organes comme la peau ou les muscles squelettiques [32]. La cause génétique de cette maladie a été récemment identifiée comme étant une expansion comprise entre 60 et 200-300 répétitions de tri-nucléotides CGG située dans la région 5’UTR du gène NOTCH2NLC (Figure 2) [6, 30, 33, 34]. Cette expansion de répétitions est également retrouvée chez des patients initialement diagnostiqués pour l’OPDM3, soulignant un continuum entre la NIID et l’OPDM (Figure 4) [8]. Au point de vue moléculaire, il a été montré récemment que les expansions de répétitions CGG situées dans la région 5’UTR du gène NOTCH2NLC sont présentes dans une petite ORF, située en amont de l’ORF principale, et sont donc comme dans FXTAS traduites en une protéine toxique composée de polyglycines, et que nous avons appelée uN2CpolyG [35]. L’expression de cette protéine dans des modèles cellulaires et animaux reproduit la formation d’inclusions intranucléaires typiques de NIID. De plus, des anticorps dirigés contre cette protéine uN2CpolyG confirment sa présence dans les agrégats intranucléaires et ceci, à la fois dans des biopsies de peau et sur des lames de cerveau de patients NIID (Figure 3B). Enfin, des souris exprimant cette protéine présentent des altérations locomotrices, une ataxie et un parkinsonisme associés à une mort neuronale accompagnée de signes de neuroinflammation [35, 36]. Ces résultats suggèrent que la traduction des expansions de répétitions CGG situées dans le gène NOTCH2NLC en une nouvelle protéine composée de polyglycines est la cause de la maladie à inclusions intranucléaires neuronales.

    thumbnail Figure 4

    Continuum possible entre les maladies à expansion de répétitions CGG. FXTAS, NIID et les OPDM pourraient former un continuum où les tissus neuronaux et musculaires seraient atteints selon le profil d’expression du gène hôte des répétitions CGG.

Mécanisme d’anticipation dans l’OPDM ?

Dans la DM1, plus les expansions de répétitions CTG sont grandes, plus la maladie est sévère et plus les premiers symptômes de ces pathologies se développent tôt chez les patients. Cette augmentation du nombre de répétitions peut se produire lors de la méiose et, donc, lors du passage d’une génération à la suivante. Ce phénomène conduit ainsi à un mécanisme d’anticipation où les enfants atteints sont généralement porteurs d’un nombre de répétitions plus élevé que leur parent et, par conséquent, développent des manifestations cliniques plus sévères et plus précoces [37]. Toutefois, dans les maladies causées par des expansions de répétitions CGG situées dans des régions 5’UTR, l’existence d’un mécanisme d’anticipation et/ou une corrélation exacte entre la taille de l’expansion et la sévérité des symptômes ne font pas actuellement consensus [7]. En effet, certains individus étaient porteurs de longues expansions de répétitions CGG dans les gènes LRP12, GIPC1 ou NOTCH2NLC mais ne développaient pas les symptômes de l’OPDM [2, 38, 39]. Par exemple, dans l’OPDM2, un individu asymptomatique était porteur d’une expansion de plus de 500 répétitions CGG dans le gène GIPC1 alors que ses deux enfants sont porteurs d’expansions de répétitions CGG plus courtes (117 et 113 répétitions) et ont tous deux développé des formes classiques d’OPDM [2]. Cette longue expansion de 500 répétitions CGG est méthylée, conduisant à une diminution d’expression de la protéine GIPC1 portée par cet allèle, suggérant qu’un mécanisme de perte de fonction est peu probable dans l’OPDM2. De manière similaire, des patients possédant un nombre de répétitions CGG supérieur à 300 ne développent pas de symptômes particuliers contrairement à leurs enfants porteurs d’expansions plus courtes et qui développent une NIID et/ou une OPDM3. Il a été montré récemment que ces longues expansions (200-300 répétitions CGG) conduisent à des modifications épigénétiques du promoteur et donc à une perte d’expression du gène et de la protéine NOTCH2NLC, suggérant ainsi qu’un mécanisme de perte de fonction est peu probable dans la NIID et l’OPDM3 [38].

Ces données sont à mettre en perspective avec la physiopathologie du FXS et du FXTAS. En effet, les expansions de répétitions CGG situées dans le gène FMR1 peuvent conduire à une perte de fonction de la protéine FMRP dans FXS, lorsque l’expansion CGG est longue et méthylée, ou à la génération d’une nouvelle protéine toxique FMRpolyG dans FXTAS, lorsque l’expansion CGG est plus courte, non méthylée et donc transcrite. Bien que présentant une séquence et une localisation identiques, les répétitions CGG sont donc responsables de deux maladies différentes, FXS ou FXTAS, selon deux mécanismes de toxicité distincts qui sont dépendants de la taille de cette expansion. Ces informations ont plusieurs conséquences importantes. Premièrement, ces données montrent que l’haploinsuffisance des protéines LRP12, GIPC1, NOTCH2NLC et RILPL1 due à de longues expansions CGG, ne conduirait pas aux maladies NIID et OPDM. La diminution d’expression de ces protéines peut probablement être compensée par le second allèle, ce qui n’est pas le cas pour la protéine FMRP puisque le gène FMR1 est porté par le chromosome X et l’absence de la protéine FMRP est donc complète chez les hommes, conduisant ainsi au syndrome de l’X fragile [24]. Deuxièmement, des expansions supérieures à 200-300 répétitions CGG pourraient entraîner un effet protecteur puisque ces expansions seraient alors méthylées, conduisant ainsi à une inhibition de la transcription du gène hôte de ces répétitions et, par conséquent, une absence de leur traduction en protéines toxiques composées de polyglycines.

Un phénomène d’anticipation n’a pas été formellement observé chez les patients atteints d’OPDM. De plus, la transmission de cette pathologie n’est pas systématiquement dominante en raison des phénomènes d’expansion et/ou de contraction aléatoire des répétitions CGG. Ceci pourrait expliquer la complexité d’interprétation des arbres généalogiques dans ces familles. En effet, les protéines à polyglycines sont toxiques à partir d’une cinquantaine de glycines mais, au-dessus de 300 répétitions CGG, ces expansions peuvent être méthylées conduisant à une absence de transcription et, donc, de traduction en protéines polyglycines toxiques. Ces données suggèrent une fenêtre pathologique étroite pour ces expansions de répétitions CGG.

Conclusion : quels mécanismes de toxicité pour les expansions de répétitions CGG dans l’OPDM ?

Il est important de noter que ces mutations sont similaires en taille et en séquence (expansions de 60 à 200-300 répétitions CGG) mais localisées dans des gènes différents, suggérant ainsi que les expansions de répétitions CGG jouent un rôle essentiel dans la pathogenèse de l’OPDM et ceci indépendamment de leur gène hôte. Cette hypothèse est renforcée par une absence de méthylation des promoteurs des gènes LRP12, GIPC1, NOTCH2NLC et RILPL1 ainsi que par des niveaux d’expression ARN et protéique de ces gènes inchangés chez les patients atteints d’OPDM, excluant ainsi un mécanisme de perte de fonction dans cette maladie [2, 9, 38, 39]. Il reste donc à déterminer le mécanisme de toxicité de ces répétitions CGG. À ce titre, la similarité en taille, en séquence et en localisation des mutations responsables de l’OPDM, ainsi que la présence d’inclusions intranucléaires positives à p62 et l’ubiquitine identiques chez les patients atteints d’OPDM, et ceci quel que soit le gène contenant ces répétitions CGG, n’est pas sans rappeler deux autres maladies : FXTAS et NIID. Dans ces pathologies, ces expansions de répétitions CGG, bien que localisées dans des régions prédites initialement comme non-codantes, sont traduites en protéines composées de polyglycines qui sont toxiques et qui forment des inclusions intranucléaires typiques de celles observées chez ces patients [37]. On peut se demander si, comme dans NIID et FXTAS, les expansions de répétitions CGG responsables de l’OPDM ne sont pas elles aussi traduites en nouvelles protéines composées de polyglycines, qui formeraient alors les inclusions intranucléaires caractéristiques observées dans les fibres musculaires de ces patients. Cette hypothèse est particulièrement attrayante compte tenu de l’observation récente de la traduction des répétitions CGG en une protéine polyglycine toxique dans NIID [37], et la découverte que cette mutation est également responsable de l’OPDM3 [8], suggérant ainsi fortement un continuum et un mécanisme de toxicité identique entre ces différentes pathologies.

Si un mécanisme commun existait entre ces différentes pathologies neurodégénératives et neuromusculaires, des stratégies thérapeutiques communes dirigées contre les répétitions de nucléotides CGG et/ou les protéines composées de polyglycines pourraient être envisagées. En effet, la découverte récente de molécules pharmacologiques et/ou d’oligonucléotides antisens qui peuvent lier spécifiquement les expansions de répétitions CGG et ainsi diminuer l’expression toxique de FMRpolyG dans des modèles cellulaires et animaux de FXTAS [40], pourrait apporter un espoir thérapeutique pour l’ensemble des maladies à polyglycines.

Liens d’intérêt

Les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêt concernant les données publiées dans cet article.

Remerciements

Ce travail a été soutenu par les financements suivants : FDT202001010855 (MB); FRM EQU202103012936 (NCB); ANR-10-LABX0030-INRT and ANR-10-IDEX-0002-02 (IGBMC).

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Liste des figures

thumbnail Figure 1

Caractéristiques histopathologiques de biopsies de patients atteints d’OPDM. (A, B) Présence de vacuoles cytoplasmiques révélées par une coloration (A) au trichrome de Gomori ou (B) à l’hématoxyline-éosine et (C) d’inclusions intranucléaires positives pour la protéine p62.

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Les expansions de répétitions CGG impliquées dans des pathologies. Des expansions de répétitions CGG identifiées dans les régions 5’UTR des gènes FMR1, LRP12, GIPC1, NOTCH2NLC et RILPL1 sont responsables du syndrome de l’X fragile (FXS) ou du syndrome de tremblement et d’ataxie lié à l’X fragile (FXTAS), de la maladie à inclusions intranucléaires neuronales (NIID) et de la myopathie oculo-pharyngo-distale (OPDM).

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Inclusions intranucléaires dans FXTAS et NIID. Immunofluorescence sur des lames de cervelet (A) d’un patient FXTAS montrant des inclusions intranucléaires de protéine FMRpolyG qui colocalisent avec l’ubiquitine et (B) d’un patient NIID où des inclusions intranucléaires de protéine uN2CpolyG colocalisent avec p62.

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thumbnail Figure 4

Continuum possible entre les maladies à expansion de répétitions CGG. FXTAS, NIID et les OPDM pourraient former un continuum où les tissus neuronaux et musculaires seraient atteints selon le profil d’expression du gène hôte des répétitions CGG.

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